Littérature générale

LOUIS-PHILIPPE DALEMBERT est né à Port-au-Prince et vit à Paris. Il a publié depuis 1993 chez divers éditeurs, en France et en Haïti, des nouvelles, de la poésie, des essais et des romans. Depuis 2017, ses romans paraissent chez Sabine Wespieser éditeur : Avant que les ombres s’effacent a rem- porté le prix Orange du Livre et le prix France Bleu/Page des libraires Mur Méditerranée (2019) a été lau- réat du prix de la Langue française, du prix Goncourt de la Suisse et de la Pologne et finaliste du prix Goncourt des lycéens Milwaukee Blues (2021) a été finaliste du prix Goncourt, choix Goncourt de la Suisse et de l’Espagne et lauréat du prix Patrimoine de la BPE ainsi que du prix des Lecteurs des Écrivains du Sud. Pensionnaire de la Villa Médicis (1994-1995), écrivain en résidence à Jérusalem et à Berlin, professeur invité dans des universités étasu- niennes et suisses, l’auteur a égale- ment vécu et travaillé à Rome pen- dant une dizaine d’années.

Une histoire romaine

Sabine Wiespieser

Laura Sabatelli Guerrieri De Pretis vint au monde à l’hôpital Fatebenefratelli le jour de la clôture du Concile Vatican II, qui coïncida avec la fête de l’Immaculée Conception. Sa grand-mère la contessa y vit un signe du ciel et préconisa de son habituel ton péremptoire que la bambina fût baptisée, sous quinzaine comme son aîné, alors même que les parents ne s’étaient pas encore prononcés sur le sujet. Cet impair aurait pu entraîner le refus automatique de la maman de Laura mais, enfin soulagée après une nuit et une journée entières de travail, Elena choisit de l’ignorer et de se concentrer de préférence sur les étincelles qu’elle voyait briller dans les yeux de son Peppe, tout fier de tenir contre sa poitrine sa fille bâillant à s’en décrocher les mâchoires et boxant l’air de ses petits poings serrés. La contessa, on le sait, n’était pas du genre à lâcher le morceau, elle insista d’autant plus que la belle-famille y était indifférente et que la journée, de son point de vue de dévote, s’était mal terminée : à l’issue de sempiternelles délibérations, le Concile Vatican II avait arrêté, entre autres aberrations, que la messe ne serait plus célébrée en latin sacré, mais en langue vernaculaire, le prêtre faisant face à ses ouailles et non plus le dos tourné, les guidant tel le berger son troupeau, comme c’était la pratique depuis des temps immémoriaux. En plus d’être venue calmer quelque peu l’ire de sa grand-mère maternelle, la naissance de Laura sur le coup de vingt heures fut à l’origine d’un événement mémorable dans les annales de la famille : elle amena zia Rachele à sortir de son appartement de via Giulia après des années de réclusion volontaire, la dernière fois datait de l’épisode de sa mélancolie et de la batterie d’examens médicaux relatifs à l’aliyah de Samanta.

Présent sur le salon :

Vendredi 15 septembre
Samedi 16 septembre
Dimanche 17 septembre
Lieu : Place de la Révolution

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