Marianne JAEGLE

L’auteure parvient remarquablement à donner chair à ces personnages illustres de l’Antiquité romaine. Dans le registre du roman historique, Marianne Jaeglé possède un authentique talent de conteuse, qui emporte le lecteur dans les destins passionnants de Sénèque, Néron et Agrippine. L’écriture énergique, fluide, permet au récit de se déployer avec efficacité, comme dans son précèdent ouvrage paru en 2016 dans L’Arpenteur sur les derniers jours de Vincent Van Gogh.

Le 12 avril 65 après Jésus-Christ, non loin de Rome, une troupe en armes arrive dans la villa de Sénèque, porteuse d’un ordre de l’empereur Néron : le philosophe doit se donner la mort. Cet ordre n’est pas une surprise pour lui, voilà des mois qu’il s’y prépare. Il dispose d’un délai de quelques heures et emploie ce temps pour écrire une dernière lettre à son ami Lucilius qui vit dans une province éloignée. Dans cette dernière lettre, Sénèque revient sur les quinze dernières années de sa vie, qu’il a passées auprès de l’empereur Néron, dont il a été le précepteur, le conseiller et l’ami. Néron est le fruit du mariage entre Cnaeus Domitius Ahenobarbus et Agrippine la Jeune. Il accède au trône après la mort de son oncle Claude, qui l’avait adopté et nommé successeur au détriment de son propre fils, Britannicus. Rapidement, le jeune empereur ordonne l’exécution des personnes pouvant lui faire de l’ombre, dont sa propre mère Agrippine. Au pouvoir, Néron se concentre sur le commerce et la diplomatie. Son règne est marqué par d’importants succès militaires face à l’Empire parthe. En 64, le grand incendie de Rome sert de prétexte à la persécution des chrétiens en les désignant comme responsables de la catastrophe. Son règne est associé à la cruauté et à l’extravagance, à son ambition démesurée et ses violentes pulsions. Face à la mort, le philosophe tient un discours de vérité quant à celui qu’il a connu très jeune, mais aussi quant à ses propres erreurs et compromissions. Sénèque s’est trouvé prisonnier du pouvoir, de ses propres illusions et d’un élève imprévisible.